Retour sur la deuxième session de Jeunes HUB - "Habiter la ville : perspectives de la jeunesse"
Publié le 22 juillet 2025–Mis à jour le 22 juillet 2025
Le 29 avril 2025, le Jeunes HUB a réuni jeunes, élus, association et chercheurs autour de la question du logement étudiant. Deux tables rondes successives ont permis d’explorer cette question, en croisant expertises institutionnelles, expériences de terrain et témoignages de jeunes directement concernés. Des initiatives comme le programme KAPS montrent qu’un logement accessible et engagé est possible. Les jeunes, bien plus que bénéficiaires, sont force de proposition. Garantir leur droit à habiter la ville, c’est répondre à un enjeu social, démocratique et collectif.
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Habiter la ville par les jeunes : repenser le logement étudiant et l’engagement citoyen
Le 29 avril 2025 dans le cadre du projet Sciences in Cité et de la Chaire SAPS de la Fondation Paris Nanterre, le Jeunes HUB a rassemblé de nombreux acteurs – jeunes, élus, associations et chercheurs – autour d’un enjeu central : comment garantir aux jeunes un droit effectif à un logement digne, accessible et adapté à leurs réalités ? Deux tables rondes successives ont permis d’explorer cette question, en croisant expertises institutionnelles, expériences de terrain et témoignages de jeunes directement concernés.
Un système fragmenté et inadapté aux réalités des jeunes
La première table ronde a révélé l’extrême complexité des dispositifs existants. Entre cloisonnement administratif, inadéquation des normes, manque de coordination entre l’État, les collectivités et les bailleurs sociaux, les jeunes – et notamment les plus précaires – peinent à trouver leur place dans le système actuel. Les étudiants étrangers, les jeunes entrepreneurs, les jeunes issus de familles monoparentales sont souvent laissés de côté, exclus des aides sociales comme le RSA, ou confrontés à des logements insalubres ou surpeuplés.
Dans un contexte où le prix de l’immobilier explose et où la spéculation bat son plein (notamment via les plateformes touristiques comme Airbnb), les jeunes deviennent les premières victimes d’un marché qui privilégie la rentabilité à court terme à la solidarité. Le logement, pourtant reconnu comme un droit fondamental, se transforme en bien marchand inaccessible pour beaucoup.
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Des expériences locales inspirantes : le cas du programme KAPS
La deuxième table ronde a mis en lumière des initiatives porteuses d’espoir, notamment le programme KAPS (Kolocations à Projet Solidaire) développé par l’association Afev. Ce dispositif permet à des étudiants de vivre en colocation dans des quartiers populaires à des loyers modérés (environ 250 €/mois), en échange d’un engagement citoyen auprès des habitants (aide aux devoirs, projets culturels, lien social…).
Ce modèle montre qu’il est possible d’allier logement abordable et engagement civique, tout en renforçant le tissu social local. Les retours des étudiants bénéficiaires et des élus de villes partenaires comme Nanterre ont souligné les effets positifs de cette approche : sentiment d’utilité, insertion dans le quartier, apprentissage de la vie collective. Mais ces programmes restent encore trop marginaux face à l’ampleur des besoins.
Des limites structurelles persistantes
Malgré les avancées législatives récentes en matière de lutte contre l’insalubrité ou de quotas de logements sociaux (loi SRU), la mise en œuvre reste inégale sur le terrain. Certaines communes contournent leurs obligations, tandis que les résidences privées, souvent onéreuses et mal encadrées, échappent largement au contrôle public. Le phénomène du coliving, présenté comme une solution « moderne », est critiqué pour son coût élevé, son absence de convivialité réelle, et sa logique purement commerciale.
La question des inégalités sociales et fiscales est également revenue à plusieurs reprises. Sans aide familiale ni patrimoine, les jeunes issus de milieux modestes sont fortement désavantagés. La mise en place d’un revenu universel jeunesse a été évoquée comme levier essentiel pour restaurer l’égalité des chances et permettre aux jeunes de faire des choix de vie autonomes.
Vers une nouvelle gouvernance du logement
Un constat s’impose : la réponse au mal-logement des jeunes ne peut être uniquement technique. Elle suppose une vision politique intégrée, qui articule enjeux sociaux, économiques, territoriaux et démocratiques. Cela implique :
Une meilleure régulation du marché (encadrement des loyers, taxation des plateformes, réquisition des logements vacants) ;
Une politique de construction ambitieuse, durable et adaptée aux besoins réels ;
Une gouvernance locale renforcée, fondée sur la mixité sociale et la transparence;
Et surtout, une place centrale donnée à la parole des jeunes, y compris dans l’élaboration des politiques publiques (comme le montrent les démarches de co-construction autour du RSA jeune).
Les jeunes présents lors de ces échanges n’étaient pas seulement des témoins de la crise. Ils se sont aussi affirmés comme des acteurs de transformation, capables de formuler des propositions concrètes, de porter des projets collectifs et de s’engager dans leur quartier, leur ville, leur société. Cette capacité d’analyse et de mobilisation est précieuse. Elle doit être soutenue, écoutée, valorisée.
Habiter la ville, pour les jeunes, ce n’est pas seulement avoir un toit : c’est pouvoir construire une vie digne, stable, enrichie de liens sociaux et de perspectives. C’est un droit à garantir, une promesse républicaine à tenir, et un défi collectif à relever.